Parcours de combattante d’une bâtisseuse infatigable
Maman de trois enfants, menue, féminine jusqu’au bout des ongles, Françoise Diane ZOGO cache bien son jeu. Derrière cette apparence se cache une maçonne, cheffe d’entreprise, femme de caractère, décidée à surmonter tous les obstacles pour vivre de sa passion : le BTP !
L’aventure démarre à SAA, petite ville du Cameroun (à 70km de la capitale Yaoudé).
C’est au sein de sa famille que Françoise Diane puise le goût de construire de ses mains, le travail en équipe, l’autonomie des femmes. Un papa entrepreneur dans le bâtiment, la petite fille avance aussi dans le sillage d’une grand-mère qui lui sert de modèle. « J’ai passé toute ma jeunesse africaine dans l’apprentissage des travaux manuels et de l’agriculture. Ma grand-mère avait créé un groupe de femmes qui construisait et rénovait les cases ». Très jeune, avec sa soeur elle apprend a fabriquer des briques en blocs de terre.
Si elle passe un bac littéraire dans son pays, lorsqu’à 22 ans (en 1999) elle arrive en France c’est tout naturellement qu’elle décide de faire de sa passion son métier : être maçonne !
Préjugés et obstacles
Françoise-Diane cherche une entreprise pour passer un CAP de maçonne, « mais aucune entreprise ne voulait de moi » se souvient-elle. Alors que la maçonnerie lui était familière depuis son enfance, elle se heurte à la force des préjugés. « Maçon n’est pas un métier de femmes en France ». Il en faut plus pour détourner notre battante de la voie qu’elle s’est fixée. Elle réussit à se faire embaucher comme archiviste chez un leader du BTP messin. Déterminée, elle réussit au sein de cette entreprise a décrocher la formation dont elle rêve : un CAP de maçonnerie. A partir de là elle fait ce qu’elle aime « j’ai travaillé comme maçonne dans les chantiers de construction, en faisant tous les travaux de gros oeuvre (ferraillage, pavage, étanchéité, façade, terrassement et rénovation.
Elle ne s’arrête pas en si bon chemin. Tout en élevant seule ses trois enfants, elle va enchainer les formations et les diplômes : CAP en Isolation Thermique, BAC +2 BTP en cours du soir…
Les postes succèdent à l’évolution de ces diplômes : maçonne, puis assistante conductrice de travaux de résidences, chargée d’affaires en travaux de rénovation en génie civil, puis enfin conductrice de travaux.
Créer ma propre entreprise pour pallier la frilosité des employeurs et pour embaucher une femme
« La maçonnerie n’est pas un métier réservé aux hommes. Il faut arrêter de juger les femmes sur leur seule apparence physique et voir ce qu’elles savent faire » observe l’entrepreneuse.
En décembre 2017, accompagnée par la CMA de Thionville, Françoise ZOGO crée son entreprise : ZOGO BATI RENOV. Elle se lance seule, en auto-entrepreneur pour se donner le temps de consolider l’assise financière, développer les chantiers, acheter du matériel…
Au départ j’ai tout fait seule : le travail sur les chantiers avec mes outils personnels, ma publicité, la prospection…
Perspectives : Former des salariés et transmettre
Françoise ZOGO rêve du jour où elle pourra intégrer des salariés, hommes et femmes. « Cela me permettrait d’accéder à d’autres types de chantiers. Mais j’ai à coeur également de transmettre et de former surtout des femmes pour leur permettre d’accéder plus facilement à ses métiers dits masculins ». Dans cette optique, elle prévoit d’ores et déjà des aménagements spécifiques pour ses chantiers : outils de levage pour soulever les charges, toilettes femmes,…
Site : https://www.zogobatirenov.com/
Récompensée par le prix de l’AMESTE : 600€
Récompensée par le prix du GENOM : 600€
Le Kiosque
Article paru dans la Semaine le 12 novembre 2019
Article paru dans le Républicain Lorrain le 12 novembre 2019